TÊTE DE NÈGRE

Tête de nègre, Daniel Picouly, Librio "noir"

Pour bien se mettre dans l'ambiance dès le début : Paris, 3 septembre 1792, cachés sous l'échafaud de la guillotine, aspergés de sang, Edmond et son comparse (qui ne dépassera pas la troisième page) écoutent les têtes tomber...

Et voilà. En même temps avec une collection "noir", on ne s'attend pas à plus réjouissant...

Edmond, un grand noir, ancien voltigeur de régiment, fabricant de cercueils, attend que tombe une te particulière, celle d'un jeune aristocrate noir aux yeux bleus, dont il doit recueillir le sang et les derniers mots. Une mission commandée par le père du jeune condamné.

Mais la mission ne va pas s'arrêter là : la famille voudra récupérer la tête de son être cher, volée par Delorme, un être sanguinaire qui règne en maître absolu sur les quartiers noirs de Haarlem, derrière le Luxembourg. Ed Cercueil, accompagné d'un ancien rival devenu ami pour la vie, Fossoyeur Jones, part donc à la recherche de cette fameuse tête. Deux grands Noirs brutaux et impitoyables, à l'image du monde dans lequel ils évoluent. Et vous évoluez avec eux dans ce court récit où le noir prédomine, avec quelques touches violentes de rouge par-ci par-là (s'il fallait peindre ce livre, ce serait ça pour moi : du noir, avec des éclats de rouge...)

Un livre qui se lit bien, facilement et rapidement mais à la fin duquel on se dit : " bon maintenant, il va me falloir quelque chose d'un peu plus gai, pour le moral "...

Un mélange d'Histoire, d'anecdotes ( Dumas, "Yeil ! Ho ! Kab" -Yellow Cab -...) et d'humour noir. Assez décontenançant.

J'accroche vraiment avec le style de l'auteur, on s'y croit complètement, tout comme pour Le champ de personne et Fort de l'Eau - que j'ai adoré lire - même si c'est radicalement différent. C'est le genre de lecture dans lequel on rentre facilement, rien ne t'arrêtes tant que tu n'as pas terminé. En fait, tu ne lis pas, tu y assistes, tu y es.

- C'est pour mon fils plus tard [....] Il n'est pas né. Mais il se prénommera Alexandre comme moi, sera écrivain comme j'aurais voulu l'être et prendra le nom d'esclave de sa grand-mère, Cécette Dumas. Ça aura de la gueule : Alexandre Cécette Dumas !

- Alexandre Dumas sonnerait mieux, mon général.